Ex Libris J.-F. Champollion
« Ex Libris J.-F. Champollion », œuvre de Joseph Kosuth, commande publique du Ministère de la Culture et de la Ville de Figeac, 1990.
Au pied du Musée, Joseph Kosuth a créé la Place des Écritures, dont le sol est occupé par une reproduction immense de la pierre de Rosette.
Joseph Kosuth inscrit la pierre de Rosette dans l’architecture de la ville de manière à évoquer une écriture dans sa relation immédiate à une langue, à une ville (Rosette) et à son environnement naturel (un jardin en terrasses planté de papyrus, tamaris et plantes aromatiques). Cette mise en contexte de la langue instaure une relation nouvelle avec les mots : ici, trois écritures – hiéroglyphes, démotique, grec – et deux langues, sont disposées au sol, donnant au texte une place étrange et inédite à travers laquelle Kosuth interroge sur la signification des mots et du langage.
La pierre de Rosette
Le Musée
La pierre de Rosette (granit, 196 av. J.- C.) a été découverte à Rachid (Rosette) en 1799 par le lieutenant François-Xavier Bouchard, lors de l’expédition de Bonaparte en Égypte (1798-1801), elle fut prise par l’armée anglaise après la défaite des Français à Aboukir et la reddition de l’armée. La pierre de Rosette est conservée depuis lors au British Museum de Londres.
Cette stèle bilingue porte un décret dit « de Memphis » promulgué à l’issue d’une assemblée des prêtres d’Égypte. Le texte confirme l’établissement d’un culte en l’honneur du jeune pharaon Ptolémée V Épiphane, en échange de privilèges accordés aux temples. Le décret est rédigé en trois écritures : en hiéroglyphes, l’écriture traditionnelle des textes sacrés et officiels, en démotique, l’écriture cursive utilisée pour les échanges quotidiens, en grec, langue de la dynastie des Ptolémée, au pouvoir en Égypte à cette époque.
Cette inscription permit à Jean-François Champollion, grâce à sa connaissance du grec et du copte, d’identifier plusieurs signes : il repéra le nom de Ptolémée dans le texte démotique et déchiffra les caractères hiéroglyphiques correspondants, inscrit dans un cartouche. Son travail sur la pierre de Rosette fut un moment important dans le déchiffrement mais c’est seulement après avoir dépouillé une masse énorme de documents de toutes époques et de natures variées que, selon la tradition, Champollion se serait écrié le 14 septembre 1822 « je tiens mon affaire ! »
Joseph Kosuth,
est l’un des pionniers de l’art conceptuel et de l’art de l’installation. C’est dans les années soixante qu’il commence à réaliser des œuvres fondées sur le langage et à élaborer des stratégies d’appropriation. Sa création explore invariablement le rôle du langage et sa signification. Son étude de la relation du langage à l’art, commencée il y a presque 30 ans, a pris la forme d’installations, d’expositions, de commandes publiques et de publications partout en Europe, en Amérique et en Extrême-Orient. Il a participé à cinq Documenta et quatre Biennales de Venise où il a notamment exposé dans le Pavillon hongrois (1993).